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La mare de jardin, pour qui ? pourquoi ?
Petites ou grandes, les mares naturelles (ou presque) sont toutes d'un grand intérêt. C'est peut-être l'habitat le plus riche que vous puissiez créer dans votre jardin. L'eau est vitale pour les oiseaux bien sûr mais les mares accueillent une faune et une flore aquatiques sauvages aussi riches que variées. Voici comment aménager au mieux une mare chez vous.
La mare, un écosystème riche et complexe !
Plantes, mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, insectes... la mare abrite une multitude d'espèces indigènes. Cet écosystème complexe est le lieu d'une foule de relations interspécifiques : on y trouve des algues, des plantes, des prédateurs, des charognards, des herbivores, des décomposeurs et des parasites. Certains animaux y passent leur vie entière comme les limnées (mollusques) ou les gammares (petites crevettes d'eau douce), d'autres l'utilisent seulement pour une partie du cycle de vie comme les libellules, dont les larves sont aquatiques, ou bien les gerris appelés à défaut araignées d'eau, qui sont en fait apparentés aux punaises.
La mare et son emplacement
Une mare s'apparente généralement à un petit plan d'eau de quelques mètres carrés. Sa profondeur est faible, elle n'excède pas un mètre à l'endroit le plus profond. Elle peut parfois être beaucoup plus petite (mini-mare) et correspondre à une pièce d'eau d'un mètre carré. Il est possible de réaliser des petits points d'eau à l'aide de récipients recyclés type ancien évier ou demi-barrique. Plus le point d'eau est petit, plus il faudra veiller à la constance du niveau d'eau, notamment en été ! Son assèchement impliquerait le départ des animaux (insectes, amphibiens...) ou bien la mort de ceux qui ne peuvent pas migrer.
Pour l'emplacement, choisissez un endroit ouvert bien exposé au soleil mais pas trop quand même. Un peu d'ombrage aux heures les plus chaudes est souhaitable pour ne pas transformer la mare en bouillon de culture ! Une exposition sud ou sud-ouest avec un peu d'ombre est idéale. Il faut cependant éviter le dessous des arbres car la chute des feuilles peut poser de sérieux problèmes ! Pour les mares plus artificielles créées à partir d'une bâche, les racines traçantes de certains plantes aquatiques peuvent transpercer le revêtement. Il faut notamment éviter les massettes (typha) ou alors les cultiver dans un contenant fermé en plastique. Aussi, n'oubliez jamais que l'accumulation de feuilles et/ou d'aiguilles de conifères perturbe le milieu, menant à la désertion des animaux. Il faut veiller également à créer des pentes douces au moins sur un côté lors de la construction : les bassins d'ornement cimentés ou en plastique aux parois abruptes et lisses ne conviennent pas vraiment. Ils augmentent le risque de noyade des hérissons et de bien d'autres petits animaux comme les vers de terre, les insectes... Enfin, les oiseaux préfèrent généralement se baigner dans les endroits dégagés où ils ont pieds dans quelques centimètres d'eau. Une fois au sol, ils peuvent surveiller la venue d'éventuels prédateurs comme les chats.
Quand et comment végétaliser la mare ?
L'hiver parait la meilleure saison pour construire une mare et fixer les plantes aquatiques dans le fond et en bordure. Pourquoi l'hiver diriez-vous ? Et bien tout simplement car c'est la saison la plus calme, une saison morte comme on dit. La colonisation spontanée par les plantes aquatiques indigènes (hydrophytes) est très lente, voire inexistante dans une mare artificielle. Aussi, il est conseillé de prélever, avec les autorisations nécessaires, quelques plants dans une mare voisine. Evitez de prendre directement les végétaux en pleine nature, surtout sans autorisation. Prélevez la plante entière avec ses racines ou ses bulbes. Pour certaines, elles peuvent être lestées au fond de la mare en coinçant les racines entre des pierres ou des galets. Il est possible aussi d'utiliser des paniers aquatiques ajourés pour plantes d'eau. Attention de ne pas introduire d'espèces invasives : jussie rampante (Ludwigia peploides), renouée du Japon (Fallopia japonica) ou jacinthe d'eau (Eichhornia crassipes). De même, n'achetez pas des plantes aquatiques issues d'aquariophilie (notamment le myriophylle du Brésil (Myriophyllum aquaticum) hautement envahissant) et/ou de jardinerie, sauf le Nymphaea alba, les joncs (Juncus sp.), laîches et carex indigènes. Enfin, ne pas prélever les espèces protégées. Il existe des listes rouges régionales des plantes protégées.
Quelles plantes à quel endroit ?
Faites un plan d'aménagement pour l'installation des plantes aquatiques. Vous avez des plantes de grande et moyenne profondeurs, des plantes de faible profondeur, des plantes flottantes et même des plantes de milieu humide (abords du plan d'eau).
Plantes de milieu humide : Benoîte des ruisseaux (Geum rivale), Brunelle commune (Prunella vulgaris), Bugle rampante (Ajuga reptans), Cardamine des prés (cardamine pratensis), Carex remota, Compagnon rouge (Silene dioica), Epiaire des marais (Stachys palustris), Eupatoire à feuilles de chanvre (Eupatorium cannabinum), Ficaire (Ranunculus ficaria), Gesse des prés (Lathyrus pratensis), Jonc glauque (Juncus inflexus), Jonc épars (Juncus effusus), Laîche à épis pendants (Carex pendula), Laîche faux souchet (Carex pseudocyperus), Lychnis fleur de coucou (Lychnis flos-cuculi), Menthe aquatique (Lentha aquatica), Primevère des jardins (Primula Vulgaris), Reine-des-prés (Filipendula ulmaria), Renoncule âcre (Ranunculus acris), Succise des prés (Succisa pratensis), Véronique des ruisseaux (Veronica beccabunga).
Plantes de petite profondeur : Alisma plantain d'eau (Alisma plantago-aquatica), Butome en ombelle (Butomus umbellatus), Caltha des marais ou populage (Caltha palustris), Iris des marais (Iris pseudacorus), Jonc épars (Juncus effusus), Laîche faux souchat (Carex pseudocyperus), Menthe aquatique (mentha aquatica), Myosotis des marais (Myosotis scorpiodes), Petite douve (Ranunculus flammula), Sagittaire (Sagittaria sagittifolia), Salicaire commune (Lythrum salicaria), Trèfle d'eau (Menyanthes trifoliata), Utriculaire (Utricularia vulgaris).
Plantes de grande et moyenne profondeurs, plantes oxygénantes/filtrantes : Aloès d'eau (Stratiotes aloides), Aponogeton odorant (Aponogeton distachyos), Callitriche des marais (Callitriche stagnalis), Cornifle immergé (Ceratophyllum demersum), Hottonie des marais (Hottonia palustris), Hydrocharis des grenouilles (Hydrocharis morsus-ranae), Lentille d'eau (Lemna sp.), Myriophylle en épi (Myriophyllum spicatum), Nénuphar blanc (Nymphaea alba), Nénuphar jaune (Nuphar lutea), Potamot à feuilles crépues (Potamogeton crispus), Renouée amphibie (Persicaria amphibium).
Sources : LPO France - Nicolas Macaire - Aquajardin
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